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L’alimentation scolaire dans les pays du G7 : le Canada doit rattraper son retard


Par Japji Anna Bas

C'est une période vraiment passionnante pour la politique alimentaire au Canada en ce moment. Je sais, je sais, pour la plupart d'entre nous, les mots «passionnant » et « politique » vont rarement ensemble dans la même phrase. Néanmoins, c'est une période passionnante! Avec la refonte complète du Guide alimentaire canadien annoncée en janvier et la promesse d'une Politique alimentaire pour le Canada qui vise à « définir une vision à long terme » pour « les objectifs sanitaires, environnementaux, sociaux et économiques liés à l'alimentation », cela donne l'impression que nous sommes en train de devenir une nation qui est un leader en matière de politique alimentaire qui soutient la santé et le bien-être de ses citoyens, tient compte des impacts environnementaux de ses pratiques agricoles et reconnaît les réalités économiques des Canadiens.


Il est particulièrement intéressant de constater un changement aussi positif, car le Canada n'a pas eu un grand succès dans le passé, surtout en ce qui concerne les jeunes. Selon Statistique Canada, les taux relatifs à l'embonpoint et à l'obésité chez les enfants sont en hausse depuis la fin des années 1970. À cet égard, le rapport PROOF indique qu'un enfant canadien sur six vit dans un ménage touché par l'insécurité alimentaire, et le rapport Innocenti de l'UNICEF consacré au bien-être des enfants classe le Canada au 37e rang sur 41 pays de l'OCDE en matière de sécurité alimentaire et de nutrition. Tout cela suggère que, si nous avons l'intention de promouvoir une vision à long terme qui favorise la santé, nous devons soutenir et éduquer notre population.

Malheureusement, le Canada est le seul pays du G7 qui n'a ni programme national d'alimentation scolaire ni normes nationales. En tant que chercheuse, c'est une question à laquelle je consacre mon attention. En tant que mère de deux enfants d'âge scolaire, je souhaiterais avoir la certitude que mes enfants reçoivent une éducation alimentaire solide et un repas nutritif à l'école. Et, pour être honnête, je serais ravie de ne pas avoir à me soucier de cette question lors des matins occupés de la semaine (si vous avez des enfants, je suis certaine que vous me comprenez).

Programmes de saine alimentation scolaire dans d'autres pays

Si comme moi vous êtes parent, vous avez peut-être vu passer certains articles sur les repas dans les écoles du monde entier au cours des dernières années. Dans la société civile des pays du G7, la France, l'Italie et le Japon semblent offrir des exemples à suivre. Le modèle français poursuit un objectif de nutrition et de santé publique en même temps qu'il vise à favoriser la convivialité et à éduquer les enfants à la diversité alimentaire. L'Italie est reconnue comme un leader dans l'amélioration globale des normes des cafétérias en Europe et est connue dans le monde entier pour avoir adopté en 2010 des politiques exigeant que les écoles s'approvisionnent en produits biologiques locaux. Les repas servis sont notamment préparés de A à Z dans les locaux de l'école.


De la même façon, l'éducation alimentaire fait maintenant partie de la loi au Japon. En réponse aux préoccupations croissantes concernant la mauvaise santé liée à l'alimentation, comme celles auxquelles nous sommes confrontés ici au Canada, le gouvernement japonais a institué une politique en 2004 et offre un solide soutien financier (plus de 200 millions de yens en 2014). De plus, une des particularités des repas dans les écoles japonaises est que les enfants se servent à tour de rôle pour promouvoir une culture d'autonomie.


Les programmes de saine alimentation scolaire au Royaume-Uni et aux États-Unis n'ont pas reçu les mêmes éloges. En effet, vous vous souvenez peut-être que la faible qualité des programmes de repas scolaires au Royaume-Uni a inspiré le célèbre chef britannique Jamie Oliver à lancer sa propre « révolution alimentaire à l'école », qui promeut les aliments complets et bons pour la santé. Aux États-Unis, la chef Alice Waters et le mouvement de l'alimentation communautaire réclament un programme de repas chauds gratuit, sain et universel, d'origine locale. Au Royaume-Uni et aux États-Unis, ces campagnes et les autres en cours visent à améliorer la qualité nutritionnelle de l'alimentation scolaire.

En Allemagne, en revanche, les repas scolaires passent d'une formule de complément alimentaire à des repas chauds complets dans le cadre d'une transition vers un modèle scolaire à temps plein. Actuellement, le gouvernement fédéral allemand propose des normes et une évaluation basées sur les aliments et les nutriments, tandis que les États fédéraux (l'équivalent de nos provinces) sont chargés de l'éducation alimentaire.

Le mouvement en faveur de l'alimentation scolaire prend de l'ampleur

De retour au Canada, le sénateur Art Eggleton a présenté en juin 2018 une motion en faveur d'un programme de saine alimentation scolaire universel à frais partagés et doté d'un financement adéquat pour les enfants et les jeunes (cette motion est maintenant reprise par le sénateur Marty Deacon). La Coalition pour une saine alimentation scolaire continue de faire campagne en faveur d'un programme de saine alimentation scolaire universel dans les écoles, et la pétition visant à soutenir ce mouvement reçoit toujours plus de signatures. Considérant que notre gouvernement a pris des engagements explicites reconnaissant les liens entre l'alimentation et la santé, que la recherche démontre l'importance d'une alimentation saine pendant l'enfance, et que nous avons tant d'exemples dont nous pouvons nous inspirer, il semblerait que le moment soit venu de mettre en place un Programme de saine alimentation scolaire au Canada.

 

À propos de l’auteure

Japji Anna Bas, Ph.D., est récemment diplômée de la faculté d'études environnementales de l'université de York, associée de recherche au Centre d'études sur la sécurité alimentaire de l'université Ryerson et mère de deux enfants d'âge scolaire. Ses travaux antérieurs portant sur, dans et à propos de l'alimentation comprennent le fait d'être propriétaire et gestionnaire d'un restaurant végétarien à Halifax, de vastes travaux à Cuba et la collaboration avec plusieurs organisations à but non lucratif, notamment l'Ecology Action Centre, Oxfam Canada, LifeCycles, Nova Scotia Food Security Projects et Nourish : The Future of Food in Health Care.

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