L'année dernière, l'Arrell Food Institute de l'Université de Guelph a publié le rapport « Comprehensive, Integrated Food and Nutrition Programs in Canadian Schools », qui formule des recommandations et décrit les facteurs à prendre en compte pour qu’une approche saine et durable permettant la mise en œuvre des programmes de nutrition au Canada soit adoptée. Ce rapport examine les programmes canadiens actuels d’alimentation et de nutrition et identifie les lacunes et les occasions à saisir, et propose des recommandations sur la conception et la mise en œuvre d'un programme national d’alimentation scolaire. Le rapport a été dirigé par les codirecteurs scientifiques Jess Haines, Ph.D., du département des relations familiales et de la nutrition appliquée de l'Université de Guelph, et Amberley T. Ruetz, candidate au doctorat du département de géographie de l'Université de Guelph.
Les autrices décrivent comment une alimentation saine est essentielle pour la santé des enfants à court et long terme. Ils affirment qu'un moyen efficace de garantir les avantages d’une telle alimentation sur la santé des enfants est de mettre en œuvre un programme national d'alimentation scolaire complet et intégré. Un tel programme permettrait d’augmenter l'accès aux aliments de manière efficace et de favoriser les pratiques de consommation saine chez les enfants et les jeunes.
Le rapport recommande de concevoir un programme national d'alimentation scolaire intégré et complet qui soit universel, complété par une éducation nutritionnelle (programmes d'enseignement de la maternelle à la 12e année) et qui favorise des habitudes alimentaires saines grâce à des programmes de repas et d'éducation alimentaire pratiques . Les autrices suggèrent que les communautés locales, les administrations scolaires et les communautés autochtones devraient conserver leur autonomie et être suffisamment financées et soutenues par les infrastructures physiques et les ressources humaines nécessaires (ce qui correspond aux principes directeurs de la Coalition).
Selon les autrices, les mesures politiques peuvent contribuer à cet objectif en réunissant des groupes de travail interministériels destinés à apporter un soutien complet aux programmes d’alimentation scolaire; en créant des normes nutritionnelles harmonisées qui sont pleinement mises en œuvre, contrôlées et régulièrement évaluées; et en améliorant la formation et les programmes d'études actuels.
Le rapport souligne les lacunes et les occasions à saisir qui devraient être prises en compte lors de la conception d'un programme d’alimentation scolaire national :
Lacunes :
Alimentation, nutrition et pauvreté : Bien que les experts en politique signalent que les solutions basées sur le revenu sont les plus efficaces pour lutter contre l'insécurité alimentaire des ménages car elles ciblent le problème fondamental de la pauvreté, le rapport soutient que les interventions basées sur l'alimentation peuvent toujours faire partie de la solution. Les programmes de repas scolaires n'ont pas d'impact direct sur l'insécurité alimentaire, mais ils appuient les familles et les personnes qui s'occupent des enfants et offrent des possibilités d'apprentissage et d'acquisition de compétences alimentaires. Ces facteurs peuvent tous faire partie d'une solution à l'insécurité alimentaire globale.
Programme d'études : En particulier avec la publication du Guide alimentaire canadien 2019, les programmes d'études actuels sont dépassés; l'élaboration et le soutien des programmes d'études sont cruciaux pour développer un programme d’alimentation scolaire intégré.
Financement : La plupart des programmes actuellement en cours au Canada ne reçoivent pas suffisamment de financement. Pour offrir et maintenir des programmes d’alimentation scolaire réussis et significatifs, ces programmes ont besoin d'un financement constant de la part de tous les niveaux de gouvernement, de manière à ce qu'il y ait une collaboration et une coordination entre les autorités.
Formation et ressources humaines : Les programmes ont besoin d'un financement suffisant et stable pour l'infrastructure physique et les ressources humaines afin de ne plus dépendre du personnel éducatif de première ligne et des bénévoles. Il faut embaucher du personnel formé à la préparation des aliments et des experts en nutrition pour assurer la durabilité et la qualité des programmes et y inclure des possibilités d’apprentissage alimentaire.
Infrastructure : Des fonds doivent également être alloués aux installations de production alimentaire ainsi qu'aux infrastructures scolaires pouvant soutenir les activités d’apprentissage alimentaire et la préparation des repas et des collations.
Opportunités :
Améliorer la santé et réduire les coûts des soins de santé dans tout le Canada : Un programme d’alimentation scolaire complet a le potentiel d'améliorer l’état général de la santé des enfants canadiens et de réduire les coûts des soins de santé en investissant dans des mesures préventives.
Soutenir les systèmes alimentaires locaux et le secteur agroalimentaire du Canada : Un programme d’alimentation scolaire complet peut se relier aux systèmes alimentaires locaux, contribuant ainsi à la sécurité, à la santé et aux répercussions positives sur l’environnement.
Partage des connaissances et politique d'impact : Le Canada a une occasion unique de soutenir la collaboration, le réseautage et le partage des expériences des programmes d’alimentation scolaire à travers le pays afin d'en tirer des leçons et de devenir un chef de file mondial. La Coalition pour une saine alimentation scolaire est à l'écoute des meilleures pratiques des programmes d’alimentation scolaire du monde entier; cliquez ici pour en savoir plus.
Collaboration intergouvernementale pour l'harmonisation : Pour mettre en œuvre efficacement un programme complet, différents organismes et ministères aux niveaux fédéral, provincial-territorial et municipal devront collaborer les uns avec les autres.
Le rapport conclut qu' « un programme national d'alimentation scolaire universel et complet est une étape essentielle pour fournir aux enfants des aliments sains et salubres, réduire l'insécurité alimentaire des enfants et des ménages, transmettre des compétences alimentaires et soutenir les systèmes alimentaires locaux ».
Les preuves sont claires : il est temps de mettre en place un programme national d'alimentation scolaire universel et complet au Canada. Allons #NourrirNosJeunes!
Le rapport a été alimenté par plusieurs ateliers avec des experts invités et il fait partie d'une série de documents produits par l'Arrell Food Institute et le Research Innovation Office de l'Université de Guelph. Le groupe interdisciplinaire d'universitaires, de professionnels et de partenaires communautaires locaux a axé ses discussions sur les principes et les politiques nécessaires pour qu’une approche saine et durable permettant l'élaboration de programmes d‘alimentation complets et intégrés dans les écoles canadiennes soit adoptée. Les participants qui ont assisté aux deux ateliers étaient des universitaires, des experts techniques, des représentants du gouvernement et de l'industrie qui ont tous contribué à la rédaction et à la révision du rapport. Veuillez consulter le rapport pour obtenir la liste complète des participants.
En plus de ce rapport, l'Arrell Food Institute a également publié School Food and Nutrition: The Brief, qui est une note d'information politique soulignant les points clés du rapport.
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